mardi 1 décembre 2009

"La ville", de Mirella

Mirella a l'habitude d'écrire des textes denses, descriptifs, envoûtants. Elle est - elle aussi - une habituée de l'atelier. Mirella, à quand la rédaction du texte dit "long" par excellence : le roman ?

Tokyo by night. Les monticules de béton. Des baies vitrées qui constituent tout autant de fenêtres sur le monde. Des routes tracées qui scarifient le monstre qu’est la ville. Des multitudes d’êtres, d’insectes de métal montés sur roues ou rails. Ils caractérisent les millions de cellules qui donnent vie à cet être hybride, fait de béton et de métal. Le vent souffle sur la cité. Frais en ce soir d’été. Ryo se sent bien. Sur le toit d’un immeuble, il regarde la ville, la domine du regard, vérifie et replace chaque monument, chaque tour de sa connaissance. Il est là. Rien à faire. Juste exister. Il savoure... En cette heure tardive, le gros de la population est endormi. Instant de solitude… Trop rare. Il a beau tendre l’oreille, scruter le paysage, il n’y a que le bruit de la circulation, des lumières, des néons. Rien d’autre… Voir. Sentir. Se contenter d’être. Cette sensation est indescriptible. Il fait corps avec l’environnement. Il y a comme quelque chose de magique dans l’air. Et c’est bon. Le jeune homme respire profondément. Il hume... ressent. Sur sa peau, dans son for intérieur... C’est cela qu’il aime, cela qu’il recherche... Peut-il l’expliquer clairement ? Non. Il s’agit d’un moment, d’une impression, un instant de paix. Pas d’agitation. Un éphémère. Une occasion, un ressourcement. Une affection infinie le submerge. Pour ce lieu, cet endroit où il a vécu, grandi. S’il pouvait parler, il lui dirait un poème, une ode, un roman. Mais il ne peut pas. Alors il se contente de ce qu’il est, de ce qu’il fait. En gros, rien, un point noir, une particule minuscule dans cet univers infini. Qu’est-ce qui l’a amené ici, si près de cet « endroit », il ne sait pas. Il ne veut pas le dire. Tout ce que vous devez savoir c’est qu’il a attendu. Longtemps. Une éternité. Des mois. Des années. Mais lui, si lâche, il a pris un choix. Dans sa tête, il y a plusieurs voix. Mais l’une domine. Il l’écoute, subjugué… Il avance. Pas à pas… Il progresse. Arrivé à un point, il s’arrête. Il regarde devant lui, retient sa respiration.

Puis saute.

Mirella, Septembre 2009

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